samedi 6 juillet 2013

Simon Schwartz - Drüben

118 pages
avant-verlag Editions
Cinquième édition 2013
Parue une première fois en 2009 à l'occasion du vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, cette bande-dessinée est une oeuvre de fin d'étude. La présente réédition reprend de larges extraits d'un entretien accordé par l'auteur en juillet 2010 au cours duquel ce dernier revient sur ses recherches, ses souvenirs étonnement précis pour un petit garçon, son style graphique ou encore sur ses choix quant à l'organisation chronologique de sa bande dessinée. 

Drüben, c'est-à-dire de l'autre côté, permet à l'auteur de revenir sur des événements et sur des choix qui ont marqué l'histoire de sa propre famille. Simon Schwartz est en effet né en 1982 dans le Land de Thuringe. Alors que ses grands-parents paternels étaient, avant la seconde guerre mondiale, membres du Parti Communiste (KPD), la famille de sa mère entretenait de nombreux contacts avec des parents vivant en Allemagne de l'Ouest. Ces différences expliquent en grande partie pourquoi les parents de Simon réagissent différemment quand certains de leurs amis déposent dans la seconde moitié des années 1970 des demandes officielles pour pouvoir quitter définitivement le territoire de la RDA et aller s'installer à l'ouest. Quand la mère se décide la première à partir, le père semble d'abord peu enclin à la suivre. 

Son état d'esprit va grandement évoluer quand, alors qu'il est enseignant, on lui demande de justifier l'intervention soviétique en Afghanistan devant certains de ses élèves. Alors qu'il lui est difficile de trouver de tels arguments, on lui tend un discours déjà préparé à cet effet. L'émigration s'impose alors comme une évidence pour le couple et son enfant même si cette demande a naturellement de graves conséquences pour la famille. Ainsi, le père ne peut plus travailler et devient un suspect désigné auprès des autorités et de la police. Dans le même temps, son épouse, restauratrice pour une église, est victime de menaces et d'intimidations. 

En 1984, la demande d'émigration de la famille aboutit enfin. Après avoir passé la frontière à la gare de la Friedrichstrasse, la famille s'installe dans le quartier de Kreuzberg à Berlin-Ouest situé tout juste de l'autre côté du mur.

Les aspects personnels et familiaux de cette bande dessinée sont les plus touchants. Très simplement, l'auteur illustre comment des différences idéologiques ont provoqué une fracture profonde au sein de sa famille. Alors qu'il a toujours maintenu des contacts réguliers avec ses grands-parents maternels, Simon n'a revu ses grands-parents paternels qu'après la réunification. La bande-dessinée débute par la première lette de son père aux grands-parents depuis son départ pour Berlin-Ouest et Kreuzberg trois ans auparavant. La seconde page se termine par une vignette signalant le refus de ces derniers de reprendre contact avec leur fils. Pour autant, le travail de Simon Schwartz dans cette bande-dessinée démontre que cette rupture n'était pas définitive.


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